Naftali Bennett Ministre de l’Économie

Naftali Bennett Ministre de l’Économie

Naftali Bennett est devenu célèbre à l’occasion de la dernière campagne électorale pour la 19e Knesset. Après avoir remporté les premières primaires de l’histoire du parti sioniste-religieux, Habayit Hayehoudi, il signe un accord avec de grands noms du Ihoud Leumi, l’autre représentant politique de cet électorat. Sa campagne électorale en a fait une véritable étoile montante de la politique, et ses efforts ont été récompensés par un score de 12 mandats, soit 3 fois plus que lors de la dernière Knesset pour quasiment la même formation. Homme de conviction, homme d’affaires, homme qui rassemble, Naftali Bennett a plusieurs cordes à son arc. Et de fait, il a obtenu plusieurs ministères de premier ordre : celui de l’Économie (industrie, commerce), celui des Cultes et un nouveau portefeuille, celui de la Diaspora et des questions concernant Jérusalem. Il est l’un des hommes forts du gouvernement Netanyahou III. Un mois après sa prise de fonction, il nous a accordé une interview exclusive. Il nous parle de ses nouvelles activités, de ses priorités et de l’importance qu’il accorde à l’alyah, notamment à celle des Juifs de France.

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Le Plus Hebdo : Comment vous sentez-vous en tant que ministre ?

Naftali Bennett : Je sens que nous avons une opportunité exceptionnelle. Selon moi, c’est la première fois depuis longtemps que nous avons un gouvernement qui a les moyens d’agir, de prendre en main les questions qui préoccupent chacun d’entre nous.

Lph : Le public haredi est inquiet, face aux déclarations de Yair Lapid notamment. Quel message souhaitez-vous leur faire passer ?

N.B. : Les Haredim ne sont pas nos ennemis, au contraire : ils sont nos frères, nous les aimons. L’une de mes missions en tant que ministre de l’Industrie est de leur ouvrir les portes du marché du travail en les accueillant à bras ouverts. Il y a quelques jours, je me suis rendu à Bné-Brak, j’y ai visité une entreprise. Certes, il y a un défi à relever : une partie de ces personnes arrivent à 18 ans sans parler un mot d’anglais, presque sans aucune notion scientifique. Nous leur proposons une formation qui leur permettra d’apprendre le métier qu’ils souhaitent. Nous revendiquons une approche positive envers ce public. La situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui est sans précédent : une si grande partie de la population qui de l’âge de 3 ans jusqu’à 120 ans étudie la Torah non-stop. Cela ne s’est jamais produit dans notre histoire, ni en Babylonie, ni à Jérusalem, ni ailleurs dans le monde. L’étude de la Torah est forte aujourd’hui ; il ne semble plus logique, ni viable que tant de personnes ne travaillent pas.

Lph : Êtes-vous en contact avec les formations politiques de ce public (Shass, Yahadout Hatorah) ?

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N.B. : Pour être honnête, notre rapport politique avec ces formations n’est pas excellent. Ils ont du mal à accepter le résultat des élections et la coalition gouvernementale telle qu’elle est. Je m’attache à faire la différence entre les débats politiques qui sont légitimes entre hommes politiques et le public. En tant que ministre du gouvernement, je dois des comptes à tout le peuple d’Israël. L’occasion est historique : le gouvernement tel qu’il est aujourd’hui a toutes les capacités pour prendre à bras-le-corps la question de l’intégration des haredim dans le marché du travail. Je suis fier d’être celui qui pourra réaliser cette avancée, en tant que ministre de l’Industrie.

Lph : Comment vous y prendrez-vous ?

N.B. : Je leur parlerai, je les écouterai, j’apprendrai de ce qu’ils ont à dire et à revendiquer.

Ce que nous proposons concernant, par exemple, l’enrôlement dans l’armée est un concept mesuré, équilibré. Ceux qui veulent continuer à étudier pourront repousser pendant quelques années leur service, certains seront choisis pour rester à la yeshiva et les autres seront intégrés dans la société israélienne.

Lph : En tant que ministre de l’Économie, quels sont vos principaux projets ?

N.B. : Tout d’abord faire baisser les prix : ouvrir la concurrence, créer les conditions d’un marché sain et libre. Nous devons mettre fin au système de la « protektsia ». Depuis de nombreuses années, un entrepreneur qui veut réussir en Israël doit faire partie d’un certain réseau et ainsi bloquer tout concurrent potentiel. C’est de cette façon que les grands monopoles se sont installés. Les olim, d’ailleurs, doivent souvent surmonter, non sans mal, cette absence de contacts et de réseau lorsqu’ils veulent entreprendre en Israël.

Casser ce système permettra de stimuler les entrepreneurs de façon à ce que chacun donne le meilleur de lui-même pour être compétitif et pour exister. Nous nous battrons donc de toutes nos forces pour ouvrir l’État d’Israël à tous car il appartient à nous tous. Le deuxième point qui revêt une importance particulière à mes yeux est de renforcer les petites et moyennes entreprises (100-200 employés). Le paysage industriel israélien est en majorité composé de ce type d’entreprises que l’on assomme avec des législations lourdes et des impôts trop importants.

Lph : Vous dites vouloir agir entre autres priorités pour diminuer le coût de la vie. Quels sont vos leviers ?

N.B. : La cherté de la vie est une réalité en Israël. J’ai déjà pu agir pour diminuer ce phénomène dans le mois qui vient de s’écouler : baisse du prix du pain, du prix des inscriptions dans les crèches, du prix de la lessive. Bien sûr, certains viennent me demander ce que ces petites baisses de prix changent. Je suis convaincu que chaque shekel en moins nous permettra d’arriver à un grand changement sur le pouvoir d’achat. Cette action, je la mène aussi au nom du sionisme et je profite de l’occasion pour en appeler aux Juifs de France : montez en Israël. Nous sommes en train de réaliser un miracle économique ! N’allez pas aux États-Unis, le seul endroit où vous devez être est l’État d’Israël !

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Lph : Vous êtes aussi ministre de la Diaspora et des questions concernant Jérusalem. Comment définissez-vous ce ministère ?

N.B. : Envers la diaspora nous avons une mission de la plus haute importance. Aujourd’hui se produit une catastrophe silencieuse en diaspora : l’assimilation. Chaque jour nous perdons des centaines de Juifs. La diaspora a toujours été vue comme un réservoir pour l’alyah, ou comme une source de financement. Je veux changer cette conception. Israël est responsable de chaque Juif, même de celui qui ne veut pas faire son alyah ou qui ne participe pas à l’effort financier envers lui. Nous sommes l’État des Juifs.

Lph : Quelle est cette responsabilité dont vous parlez ?

N.B. : Pour le moment, le ministère vient de voir le jour. Je ne peux pas encore dévoiler tous les projets. Mais le point central de notre politique sera focalisé autour du rôle d’Israël dans la définition et le renforcement de l’identité juive.

Lph : En ce qui concerne Jérusalem, quelles sont vos priorités ?

N.B. : Jérusalem est un sujet qui touche le cœur. Jusqu’à aujourd’hui, chaque fois que j’arrive à Shaar Hagay, je suis ému. Il n’existe aucun autre endroit dans le monde autant chargé d’histoire : ici, Avraham Avinou a fait le sacrifice d’Its’hak, ici le Roi David a uni les douze tribus d’Israël, ici le Roi Shlomo a construit le Beit Hamikdash, ici les parachutistes sont passés pour libérer le Kotel. Je souhaite parvenir à placer Jérusalem dans le cœur de chaque Israélien, parce que malheureusement ce n’est pas le cas. Certains jeunes du centre n’ont encore jamais été à Jérusalem, cela paraît incroyable !

Lph : Yom Yeroushalayim est une journée de la plus haute importance symbolique et nationale. Or, contrairement à Yom Haatsmaout ou même à Lag Baomer, ce jour n’est pas férié en Israël. Ne serait-il pas logique qu’il le soit, surtout si nous voulons témoigner au reste du monde et aux Juifs éloignés de la centralité de Jérusalem unifiée ?

N.B. : Ce que vous dites est vrai. Je sais que le ministre de l’éducation Shai Piron étudie des remaniements des rythmes et des vacances scolaires. Peut-être cela rentrera-t-il dans ses considérations.

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Lph : Troisième ministère sous votre autorité : les Cultes. Quelles sont vos orientations ?

N.B. : Nous devons procéder à des changements en profondeur. Nous devons faire redécouvrir la religion aux Israéliens. En effet, ces dernières années, certaines approches ont même éloigné un certain nombre de personnes du judaïsme. Le Vice-ministre des Cultes, le Rav Eliahou Ben-Dahan, a pris la mesure de l’ampleur et de l’importance de sa mission et il y travaille très dur. Nous avions promis de prendre en considération le peuple d’Israël dans son ensemble pour ce qui concerne les sujets de religion et pas seulement les personnes définies comme « religieuses ». Nous n’avons pas sur ce sujet, comme sur les autres, une approche sectorielle, bien au contraire.

Lph : Quelle est votre position au sujet des pourparlers avec les Palestiniens ?

N.B. : Ma position est connue : c’est une folie de vouloir créer un État palestinien au sein de l’État d’Israël, et cela n’arrivera pas. Je sais que le gouvernement, le chef du gouvernement et les principaux ministres, comme Yair Lapid et Tsipi Livni, croient dans cette solution, moi non. Comme je suis convaincu que cette option ne verra jamais le jour, je continue à m’y opposer tout en ne dérangeant pas les pourparlers s’ils souhaitent en avoir. J’attends qu’ils reviennent avec un accord, à ce moment nous discuterons. Mais, je ne suis pas prêt à payer un prix quel qu’il soit pour obtenir des négociations. Nous devons débattre sans renoncement préalable et surtout, si un accord est obtenu, alors il devra être soumis à un référendum. Je ne veux plus voir une fracture au sein de la population comme au temps des accords d’Oslo. Selon moi, le référendum est le meilleur moyen de l’éviter.

Lph : Sur le plan personnel, comment faites-vous pour gérer à vous tout seul autant de dossiers ? Parvenez-vous à passer du temps avec votre famille ?

N.B. : C’est une vraie question…

Lph: Quel message souhaitez-vous passer aux francophones ?

N.B. : L’une des choses qui me tient le plus à cœur est que les Juifs qui quittent la France viennent en Israël. Je suis prêt, sans aucun rapport obligatoirement avec la politique, à faire tout ce que vous me demanderez pour y parvenir.

Lph : Nous organisons, le 1er août, un salon lors duquel se retrouveront les communautés francophones et anglophones. Seriez-vous prêt à y participer ?

N.B. : Je trouve ce genre d’initiative très importante et je note dès aujourd’hui dans mon agenda ce rendez-vous auquel je me ferai une joie de participer !

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